Anthony Bou-chrouche, étudiant à uOttawa : « […] je serais beaucoup plus reconnaissant si l’université était plus transparente dans le domaine des dépenses. »

Par Programmation

Quelques mois après la rentrée scolaire, plusieurs jeunes commencent déjà le deuxième semestre de leurs études postsecondaires. Cet automne, GrandToronto.ca est allé à la rencontre de jeunes finissant.e.s du secondaire qui tentent de se repérer en temps de pandémie et de trouver une balance entre leurs divers engagements. Une entrevue par Karelle Sikapi.

 

Quel est votre nom?

Anthony Bou-chrouche

 

Est-ce que vous fréquentez une institution postsecondaire? Si oui, laquelle, dans quel programme et en quelle année?

Oui, je suis inscrit dans le programme spécialisé bidisciplinaire en économie et sciences politiques.

 

Quels sont les obstacles principaux pour les jeunes gradués du secondaire, à votre avis?

Un des défis auquel j’ai dû faire face à mon arrivé à l’université est le fait qu’il est très facile, surtout durant la pandémie, d’avoir l’impression d’être un simple nombre dans une immense université. Il est donc primordial de se trouver des camarades de classe pour construire une relation amicale et mutuelle et ne pas se sentir seul face à ce nouvel environnement scolaire.

 

Quel a été le plus grand effet de la pandémie sur vous jusqu’à présent?

La pandémie nous a privé de toutes les activités et expériences des élèves de première année. Du côté académique et social, nous n’avons pas eu la chance de créer de nouvelles amitiés et d’aller assister à nos classes en personne.  D’un point de vue économique, il est extrêmement difficile de trouver un travail rémunéré capable de nous permettre de rembourser nos frais de scolarité. C’est nous, les jeunes, qui seront un jour responsable de repayer toute la dette que notre pays a accumulé pendant cette période historique. Il est donc difficile de sous-estimer les conséquences morales et financières de cette pandémie sur les jeunes Canadien.ne.s.

 

Quelles sont trois de vos plus grandes inquiétudes reliées aux études à ce moment?

J’ai récemment pris la décision de retourner à Dubaï parce que je sentais que ma santé mentale était dans un processus naturel de détérioration. L’humain par sa nature est un animal politique nécessitant au moins un peu d’interactions sociales. C’est pour cela que je suis de retour à Dubaï jusqu’à temps que la crise sanitaire s’améliore au Canada et qu’on puisse sortir de nouveau avec nos amis.

Cela étant dit, mon retour aux Émirats Arabes Unis me pose quelques nouveaux problèmes auxquels je n’ai pas dû faire face pendant mon séjour au Canada. Étant à l’autre bout de la planète, je fais désormais face à l’horreur du décalage horaire. Heureusement, toutes mes classes sont déjà enregistrées, mais, je ne suis quand même pas capable d’assister, comme auparavant, aux réunions de clubs, à mes séances de tutorats avec l’assistant de mon professeur et je ne peux plus joindre les heures de bureau de mes professeurs. Tous ces nouveaux obstacles nuisent à mon développement intellectuel et interpersonnel que j’ai tant désiré cultiver en consacrant quatre années supplémentaires de ma vie à l’éducation.

 

Est-ce que les institutions postsecondaires répondent aux besoins des étudiant.e.s en temps de pandémie à votre avis? Comment?

Oui, en général je pense honnêtement que les universités essayent autant que possible d’offrir à leurs étudiants les meilleurs outils afin de réussir académiquement malgré les obstacles que cette pandémie nous fait subir. Cela étant dit, cette crise a nuit énormément à la santé mentale des jeunes et je pense donc qu’investir plus dans des psychologues sur le campus devrait être au cœur de la stratégie de toutes instructions postsecondaires veillant sur le bien-être des membres de sa communauté.

 

Que pensez-vous des droits de scolarité inchangés en temps de pandémie? Croyez-vous que ça reflète les services et les ressources auxquels ont accès les élèves?

En ce qui concerne les frais de scolarité, je comprends pourquoi les universités ont dû maintenir les mêmes frais parce que même si les centre de conditionnement ne sont pas offerts, par exemple, ces installations nécessitent un certain entretien continuel, même si elles sont fermées. Cela étant dit, je serais beaucoup plus reconnaissant si l’université était plus transparente dans le domaine des dépenses. Pour vous donner un exemple, l’université ne doit plus payer pour l’électricité sur le campus, notamment parce que tous les bâtiments sont fermés, donc j’aimerais quand même comprendre où part cet argent additionnel. Je ne suis donc pas contre leurs plans, mais j’espère que notre argent n’est pas tout simplement là pour payer pour les salaires des membres du conseil exécutif de l’université.

 

Est-ce que la situation présente des cours universitaires/collégiaux en ligne vous fait regretter votre choix de vous inscrire/de ne pas vous inscrire aux études postsecondaires?

Non, nous allons, dans quelques années, entrer dans le monde du travail, un monde très compétitif qui requiert souvent un diplôme post-secondaire quelconque. Donc, peu importe le contexte actuel, je reconnais qu’un diplôme est la clé à la réussite dans le monde des affaires. Voilà pourquoi je ne regrette pas mon choix de fréquenter l’université.

 

Quels sont vos plans pour le futur quant à votre scolarité?

J’espère, après mes études de premier cycle, m’inscrire dans une école de droit, et éventuellement devenir un avocat tout en savourant toutes les merveilles du monde.

 

Plus d'entrevues