Vous voulez achetez canadien : des applications facilitent votre choix

Par Guillaume Lorin

Avec les tensions commerciales croissantes entre le Canada et les États-Unis, de plus en plus de Canadiens cherchent à soutenir l’économie locale en privilégiant l’achat de produits nationaux. Mais dans un marché globalisé où les produits affichent souvent des étiquettes trompeuses, il n’est pas toujours évident de déterminer l’origine réelle d’un produit. Heureusement, des applications mobiles permettent maintenant aux consommateurs d’identifier facilement les produits fabriqués au Canada.

Un besoin croissant de consommer local

Face aux menaces de tarifs douaniers de l’administration Trump, les Canadiens ont redoublé d’efforts pour acheter local. Pourtant, il est parfois difficile de distinguer un produit véritablement canadien d’un autre simplement emballé au pays mais fabriqué avec des ingrédients importés. C’est dans ce contexte qu’ont émergé plusieurs applications visant à informer les consommateurs sur l’origine des produits.

Les applications Qui révolutionnent l’achat local

Plusieurs applications ont vu le jour récemment pour aider les Canadiens à identifier les produits locaux. Parmi elles, on retrouve Shop Canadian, Buy Beaver, O SCANada et Maple Scan. Ces outils fonctionnent principalement grâce au scan des codes-barres et fournissent des informations détaillées sur la provenance des produits.

Buy Beaver : Une évaluation basée sur trois critères

Créée par les Montréalais Alexandre Hamila et Christopher Dip, Buy Beaver évalue les produits sur une échelle de un à cinq en fonction de trois critères :

  • Le lieu de fabrication
  • La provenance des ingrédients ou des matériaux
  • La nationalité du propriétaire de la marque

Cette application repose sur le crowdsourcing, permettant aux utilisateurs de contribuer à l’amélioration des informations disponibles. Ainsi, chaque utilisateur peut noter un produit et ajouter des précisions, rendant les évaluations de plus en plus précises.

L’application Buy Beaver vise à aider les acheteurs à démêler la complexité de l’origine des produits. Comme Dip et Hamila l’ont appris, certains produits sont fabriqués au Canada, mais avec des ingrédients étrangers, tandis que d’autres sont conçus par des entreprises canadiennes à l’étranger. Par exemple, Kicking Horse Coffee, une marque née en Colombie-Britannique, est désormais détenue à 80 % par le géant italien Lavazza. L’application permet ainsi de mieux comprendre les subtilités de ces situations et d’aider les consommateurs à faire des choix éclairés.

Maple Scan : L’intelligence artificielle au service des consommateurs

Développée par Sasha Ivanov, Maple Scan aide les consommateurs à identifier les produits canadiens en analysant des photographies de produits. L’application indique si un article respecte les critères gouvernementaux pour être étiqueté « Produit du Canada » ou « Fabriqué au Canada ».

Lorsqu’un produit provient de l’étranger, Maple Scan propose aux utilisateurs une liste d’alternatives locales. « La question de savoir ce qui rend un produit canadien est en fait assez difficile et c’est ce que j’espérais résoudre avec cette application », explique Ivanov.

Cependant, Maple Scan connaît également des imperfections. Par exemple, l’application a récemment attribué à tort une bouteille de ketchup French’s à Recipe Unlimited, alors qu’elle est en réalité fabriquée par l’américain McCormick & Company. Ivanov travaille activement à améliorer la précision en croisant davantage de sources et en permettant aux utilisateurs de voter sur la véracité des informations.

Shop Canadian et O SCANada : Le pouvoir du crowdsourcing

Shop Canadian, développée par William Boytinck et Matthew Suddaby, mise également sur le crowdsourcing en attribuant aux produits des notes allant jusqu’à cinq feuilles d’érable. Plus un produit obtient de feuilles d’érable, plus il est considéré comme canadien. De son côté, O SCANada, créée par une mère et son fils à Calgary, propose une approche similaire, facilitant l’accès aux informations sur l’origine des articles en épicerie.

Impact direct sur les habitudes de consommation

Les Canadiens semblent réceptifs à ces outils. Par exemple, Loblaw Cos. Ltd. a observé une augmentation de 7,5 % des ventes de produits fabriqués au Canada après l’intensification du conflit tarifaire, d’après ses propres chiffres. Cette augmentation a même atteint deux chiffres dans les catégories des produits laitiers et des aliments surgelés.

Défis et limites de ces applications

Malgré leur succès, ces applications rencontrent des défis. L’exactitude des informations reste un enjeu de taille. Certaines applications, comme Maple Scan, rencontrent des erreurs d’attribution de marque ou de fabrication. Étant donné que de nombreuses applications ont été développées rapidement, certaines ne sont pas encore disponibles sur tous les systèmes d’exploitation mobiles ou dépendent fortement de l’engagement des utilisateurs pour enrichir leurs bases de données.

Face à la demande croissante des consommateurs pour des produits canadiens, plusieurs grandes chaînes de distribution adaptent leur stratégie. Loblaws met désormais davantage en valeur les produits locaux en magasin et dans ses circulaires, tandis que Sobeys renforce l’affichage des informations sur l’origine des produits.

Si ces applications ont d’abord été conçues pour les produits alimentaires, leur usage s’étend à d’autres domaines. Les consommateurs scannent désormais des appareils électroniques, des produits de maquillage et même des enseignes de magasins pour identifier leur origine.

Une tendance durable ?

L’essor des applications d’achat canadien reflète une prise de conscience grandissante des consommateurs face aux enjeux économiques et politiques. Grâce à ces outils, ils peuvent prendre des décisions plus éclairées et orienter leur pouvoir d’achat vers des produits qui soutiennent l’économie locale. Si ces applications continuent d’évoluer et d’améliorer leur précision, elles pourraient bien devenir des alliées incontournables du consommateur moderne.

En fin de compte, la question n’est pas seulement de savoir si un produit est fabriqué au Canada, mais aussi de comprendre où vont les profits et quels emplois sont réellement soutenus. Avec ces nouvelles technologies, les consommateurs disposent désormais d’un levier pour influencer l’économie à leur échelle.

Images: Pixabay, Leonardo

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