Le 21 avril 2025 restera gravé dans l’histoire de l’église catholique : le pape François, de son vrai nom Jorge Mario Bergoglio, est mort d’un AVC à 88 ans, après avoir lutté plusieurs semaines contre une grave pneumonie. Le pape disparait ainsi le jour du lundi de Pâques, après 12 ans de pontificat.
Premier pape originaire du continent américain, longtemps archevêque de Buenos Aires, son engagement pour la justice sociale est souligné par la plupart des observateurs au lendemain de sa disparition, même si, sur des sujets aussi brûlants que la guerre, la pauvreté ou l’homosexualité, son approche est demeurée tiraillée entre les exigences du monde moderne et les résistances de l’institution catholique.
Sa mort marque non seulement la fin d’un chapitre important dans l’histoire de l’Église, mais touche également profondément auprès des communautés, notamment des francophones canadiens, qui ont trouvé en son action en faveur de la planète, de l’ouverture de l’Église, et de la résolution pacifique des conflits, un appel à la réconciliation et à l’espoir.
Des hommages aux quatre coins du monde
À travers le monde, de nombreux grands dirigeants internationaux ont rendu hommage au Pape François. Des figures politiques telles que l’ancien Premier ministre canadien Justin Trudeau, le président américain Donald Trump, le président français Emmanuel Macron, le président argentin Javier Milei et le président Ukrainien Volodymyr Zelensky se sont également exprimées pour saluer sa mémoire. Les funérailles auront lieu samedi 26 avril à 10 heures, en présence de nombreux chefs d’État, à l’exception notable de Vladimir Poutine et Benyamin Netanyahou, tous deux sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
L’ancien Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a salué la compassion et le leadership moral du Pape François, soulignant son engagement envers les plus vulnérables et son rôle dans la promotion de la paix et de la justice sociale. Trudeau a également rappelé l’importance de la visite du Pape au Canada en 2022, mentionnant son appel à la réconciliation avec les peuples autochtones.
Malgré une relation tendue dès son premier mandat, le Président américain Donald Trump a rendu un bref hommage au Pape François sur sa plateforme Truth Social, en déclarant : “Repose en paix, Pape François ! Que Dieu le bénisse, lui et tous ceux qui l’ont aimé !”
Ce message laconique rappelle les nombreuses tensions entre les deux hommes, principalement sur des sujets tels que l’immigration et la construction d’un mur à la frontière mexicaine. Le pape avait critiqué ces politiques, les jugeant contraires aux valeurs chrétiennes.
Un impact sur le Canada et les communautés francophones
En ce qui concerne la communauté franco-canadienne, le pape François demeure surtout l’artisan d’une nouvelle dynamique entre l’Église et les peuples autochtones, symbolisant une étape majeure dans le processus de réconciliation. Ses rencontres avec les leaders des communautés francophones à l’occasion de sa visite de 2022 ont laissé une empreinte durable.
L’action du Pape François a été particulièrement décisive pour lever le voile sur les agissements des représentants de l’église au Canada envers les communautés autochtones, notamment en reconnaissant les souffrances causées par l’Église dans les pensionnats autochtones.
La découverte de centaines de tombes anonymes dans un pensionnat autochtone au Canada en 2021 et les révélations de maltraitance et de violence qui ont suivi ont amené le Pape a présenter des excuses pour les communautés. Cette reconnaissance s’inscrit dans la logique de réconciliation promue également par le gouvernement du Canada.
Par ailleurs, le pape François a rencontré des représentants des communautés catholiques francophones du monde entier. Ensemble, ils ont discuté du processus synodal, qui est une façon pour l’Église de travailler plus en harmonie et de prendre des décisions importantes de manière collective. Ces rencontres avaient pour objectif de promouvoir l’unité de l’Église, le dialogue entre les différentes religions, et la façon dont les communautés francophones peuvent continuer à jouer un rôle clé dans l’Église.
Au-delà de ses efforts pour la réconciliation et la justice sociale, le Pape François reste l’instigateur d’un vaste mouvement de réforme de l’église, notamment sur les droits humains. Bien que l’Église catholique maintienne son enseignement traditionnel sur le mariage, le pape a ainsi tenté une approche plus progressiste envers les personnes LGBTQ+. Il a souligné la nécessité pour l’Église d’évoluer sur ces questions, en reconnaissant la dignité et les droits des personnes LGBTQ+ sans jugement.
Un bilan en demi-teinte
Depuis le début de son pontificat, le pape François s’est imposé comme une figure internationale majeure, réalisant 47 voyages hors d’Italie et visitant plus de 60 pays. Fidèle à son image de « pape des périphéries », il a mis l’accent sur les marges du catholicisme, choisissant des destinations symboliques comme Lampedusa, Marseille, la Mongolie ou le Timor oriental pour souligner des enjeux humains, religieux et géopolitiques. Il a notamment promu le dialogue interreligieux, comme en Irak, et s’est montré proche des populations pauvres et marginalisées.
Sa diplomatie s’est parfois révélée efficace, comme dans le rapprochement historique entre Cuba et les États-Unis en 2014. Il a aussi tenté de jouer un rôle de médiateur dans plusieurs conflits (Colombie, Centrafrique, Israël/Palestine), mais certains efforts se sont soldés par des échecs, notamment en Ukraine, où ses positions ont été jugées ambigües et maladroites.
Sur le plan humanitaire, le pape a adopté une posture pacifiste marquée par le rejet des armes, en particulier nucléaires, et un engagement concret via des aides et des médiations discrètes. Toutefois, cette neutralité affichée a parfois suscité des critiques, comme en Syrie ou dans ses relations avec la Chine, perçues comme trop conciliantes.
Enfin, sur le volet sensible de la lutte contre la pédo-criminalité dans l’église, aucun pape n’a été confronté à autant de scandales sexuels que le pape François. S’il y a opposé un discours d’une fermeté inédite pour un souverain pontife, les réformes proposées laissent un goût d’inachevé.
Les funérailles du pape François sont prévues pour le 26 avril 2025 à la Basilique Saint-Pierre de Rome. Des millions de personnes, ainsi que des dirigeant religieux et politiques, se rassembleront pour honorer sa mémoire. Alors que l’Église fait face à cette perte, la question du choix de son successeur agite d’ores et déjà l’église : le futur pape poursuivra-t-il le travail de réforme entamé par son prédécesseur, ou reviendra-t-il à des positions plus conservatrices?
Par Jonathan Kindeki