Mark Carney, le premier ministre au parcours anglophone et au français surprenant

Par Info

Mark Carney qui deviendra officiellement premier ministre ce vendredi 14 mars, est une figure dont la relation avec la langue française et la francophonie suscite un intérêt particulier. Bien que sa carrière l’ait souvent conduit à évoluer dans des environnements anglophones, son engagement envers la langue française et les communautés francophones du Canada méritent une attention particulière.

Né à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, Mark Carney a grandi dans une famille où l’éducation occupait une place centrale aux vues des carrières de ses parents, respectivement directeur d’une école secondaire et institutrice. La famille a ensuite déménagé à Edmonton, en Alberta, où son père a été nommé professeur d’histoire de l’éducation à l’Université de l’Alberta. Mark Carney a poursuivi des études en économie à l’Université d’Harvard, obtenant un baccalauréat en 1988, suivi d’une maîtrise et d’un doctorat à l’Université d’Oxford.

Avant de se lancer en politique, Carney a eu une carrière noble dans le secteur financier. Il a travaillé pendant treize ans chez Goldman Sachs, occupant des postes à Londres, Tokyo, New York et Toronto. Il a ensuite été sous-gouverneur de la Banque du Canada, puis gouverneur de 2008 à 2013. En 2013, il est devenu le premier gouverneur non britannique de la Banque d’Angleterre, poste qu’il a occupé jusqu’en 2020.

Au-delà de son parcours remarquable, Mark Carney est reconnu pour sa capacité à s’exprimer en français. Pourtant, il n’a vécu que dans des pays anglophones jusque-là. Malgré nos recherches, le mystère demeure : nous ignorons encore d’où le premier ministre tient son français. Cependant, la qualité de sa maîtrise de la langue a été enclin à débat. Lors de son lancement de campagne en janvier 2025 à Edmonton, il a prononcé un discours en anglais et en français, bien que sa prestation en français ait été critiquée pour son manque de fluidité. Certains observateurs ont noté que son français semblait « rouillé », probablement en raison de son long séjour à l’étranger.

Mark Carney est devenu le 24e premier ministre du Canada. Photo : Facebook de Mark Carney

Un niveau de français qui fait débat

De plus, lors d’un débat en février 2025, sa performance en français a été jugée inférieure à celle de ses concurrents, notamment Chrystia Freeland et Karina Gould, qui ont démontré une meilleure maîtrise de la langue. Cette situation a soulevé des questions sur la capacité de Carney à communiquer efficacement avec les francophones et francophiles du Canada.

Malgré les critiques concernant sa maîtrise du français, Mark Carney a exprimé son engagement envers les communautés francophones du Canada. Dans ses discours, il a souligné l’importance du bilinguisme et de la dualité linguistique comme éléments fondamentaux de l’identité canadienne. Il a également reconnu les défis auxquels font face les communautés francophones en situation minoritaire et s’est engagé à promouvoir des politiques visant à soutenir et à renforcer la vitalité de ces communautés. Parmi ces initiatives il a cité :

Le renforcement de la Loi sur les langues officielles : il s’est engagé à moderniser cette loi pour assurer une meilleure protection du français dans tout le pays, en particulier dans les provinces où les francophones sont en minorité.

Le soutien à l’éducation en français : reconnaissant l’importance de l’éducation dans la préservation de la langue, son gouvernement prévoit d’augmenter le financement des écoles francophones et des programmes d’immersion française.

La promotion de la culture francophone : des fonds supplémentaires seront alloués pour soutenir les arts et la culture francophones, afin de promouvoir la richesse culturelle des communautés francophones du Canada.

Malgré ces efforts, les réactions à l’égard de Mark Carney au sein des communautés francophones sont partagées. Certains apprécient ses efforts pour s’exprimer en français et son engagement envers la francophonie, tandis que d’autres estiment que sa maîtrise imparfaite de la langue pourrait limiter son efficacité à représenter et à défendre les intérêts des francophones. Néanmoins, beaucoup reconnaissent que son ouverture et sa volonté d’apprendre sont des signes positifs pour l’avenir des relations entre le gouvernement fédéral et les communautés francophones. C’est le cas par exemple de l’auteur, journaliste, producteur et conférencier québécois Jean-Benoît Nadeau.

« Les critiques ont été particulièrement dures à la suite du débat en français entre les candidats à la chefferie, a-t-il confié. Or, il y a seulement trois décennies, un tel débat en français entre quatre candidats ayant l’anglais comme la langue maternelle aurait été impensable. Certes, trop de politiciens anglophones, à l’instar de la gouverneure générale, ne font qu’ânonner en français. Mais dénigrer ceux qui font un réel effort revient à marquer dans son propre filet.»

Mark Carney incarne une figure politique consciente des défis liés à la dualité linguistique du Canada. Bien que sa maîtrise du français ne soit pas parfaite, son engagement envers la francophonie et sa volonté de promouvoir des politiques en faveur des communautés francophones démontrent une reconnaissance de l’importance du bilinguisme dans l’identité canadienne. Son parcours et ses initiatives futures seront scrutés attentivement par les francophones du pays, qui espèrent voir en lui un allié dévoué à la promotion et à la protection de la langue française au Canada.

Par Kendra Oulai

Plus d'actualités