La francophonie, grande absente de la course aux élections fédérales 2025

Par Direction

Le Canada plonge se plonge dans élections fédérales jusqu’au 28 avril, jour du vote.

Mark Carney, le premier ministre sortant, a mis fin aux travaux du Parlement en rendant visite à Mary Simon, la gouverneure générale, déclenchant ainsi une campagne électorale qui va durer 36 jours. Le marathon a été lancé il y a plus d’un mois à Gatineau par Pierre Poilievre, candidat du Parti Conservateur du Canada, aux abords de la rivière des Outaouais, avec le Parlement en arrière-plan. Quelques instants plus tard, Mark Carney franchissait les portes de Rideau Hall pour suspendre la Chambre des communes.

La reprise des travaux de la Chambre des communes sera officielle lundi 31 mars en raison de cette décision, après avoir été en pause depuis le mois de décembre.

« J’ai demandé à la gouverneure générale de dissoudre le Parlement et d’appeler à une élection le 28 avril et elle a accepté », a dit Mark Carney en conférence de presse au-devant de Rideau Hall, et il a demandé « un mandat fort » aux Canadiens. La campagne à peine déclenchée, le chef libéral a évoqué une première réforme, celle qui concerne la réduction de l’impôt du premier palier d’imposition des Canadiens d’1%. Selon les libéraux, cette procédure pourrait concerner 22 millions de Canadiens et permettre à certaines familles d’économiser jusqu’à 825 $ par année.

Coté francophonie, l’élection canadienne met en lumière des positions divergentes des partis politiques en lice.

Place de la langue française et de la culture francophone, investissements dans les langues officielles, quelles sont les promesses des candidats?

Quel est par ailleurs leur niveau de maitrise du français pour accomplir leur tâche?

Parti libéral du Canada (PLC)

Le Parti libéral du Canada a récemment démontré son engagement envers la culture française de manière significative ces dernières années.

Coté maitrise de la langue, le nouveau chef du parti Mark Carney a fait preuve de bonne volonté pour maitriser le français, mais de nombreux observateurs constatent que son niveau reste perfectible, ce qui pourrait constituer un obstacle certain quand il veut communiquer avec les francophones.

En ce qui concerne la politique linguistique, le PLC s’engage à moderniser Loi sur les langues officielles pour soutenir la situation minoritaire des communautés francophones. Le parti propose d’assurer un financement permanent et stable dans les établissements d’enseignement aux écoles secondaires dans ces communautés spécifiques, ce qui reconnaisse leur rôle essentiel dans la vivacité du français au Canada.

Néanmoins, La suppression lors de la formation récente de son gouvernement de transition du poste de ministre des Langues officielles, dont les responsabilités ont été intégrées au ministère de la Culture et de l’Identité canadienne dirigé par Steven Guilbeault, a été perçue par beaucoup comme un affront à la dualité linguistique du Canada.

Dans un contexte de guerre tarifaire et de limitation des dépenses publiques, beaucoup s’inquiètent d’une chute de l’engagement d’un futur gouvernement libéral envers le bilinguisme et d’un risque de réduction des investissements publica pour soutenir les communautés francophones en situation minoritaire.

Parti conservateur du Canada (PCC)

Un bon point à souligner pour le chef du Parti conservateur du Canada : celui-ci s’exprime couramment en français, il est réellement bilingue. Cela lui permet de communiquer de manière efficace avec les électeurs francophones.

Derrière ces promesses concernant l’économie et l’emploi, le Parti conservateur, mené par Pierre Poilievre, n’a cependant mentionné aucune proposition spécifique concernant les langues officielles et la francophonie sur sa plateforme actuelle. En matière de politique des langues, ce silence a suscité des interrogations parmi ceux qui défendent la francophonie, qui attendent du gouvernement fédéral un engagement fort pour promouvoir et préserver la langue française, surtout là où la communauté francophone est en situation minoritaire. Le PCC focalise ses efforts sur l’économie, la réindustrialisation et désire attirer des investissements étrangers tout en réduisant les dépenses publiques. Rien ne semble indiquer pour l’instant un désir de travailler pour soutenir la cause francophone au pays. Certains adversaires politiques, à l’instar de Randy Boissonnault, député et ex-ministre libéral, craignent même que Poilievre ne s’attaque directement aux droits constitutionnels des francophones au pays. (https://onfr.tfo.org/poilievre-pourrait-sattaquer-aux-droits-constitutionnels-des-francophones-suggere-boissonnault/)

Nouveau Parti démocratique (NPD)

Dirigé par Jagmeet Singh, le Nouveau Parti démocratique, n’a pas directement mentionné de politiques relatives à la francophonie et aux langues officielles dans les sources consultées. Jagmeet Singh a démontré l’intérêt d’apprendre et d’utiliser le français, même si son niveau de maîtrise demeure imparfait. Il a aussi lancé sa campagne dans la région d’Ottawa, sous le thème du « cœur au ventre ». Le NPD n’enregistre que seulement 11% des intentions de vote, contre 18% lors des élections en 2021.

Bloc québécois (BQ)

Mené par Yves-François Blanchet, Le Bloc québécois se situe comme un défenseur acharné de la langue française. Le parti exprime sa solidarité avec les communautés franco-canadiennes et acadiennes, qui s’engagent à lutter pour que la réforme de la Loi portant sur les langues officielles et priorise la capacité de ces communautés à travailler et à vivre en français. Le Bloc québécois insiste également sur la raison pour laquelle un renforcement des lois linguistiques pour affronter l’anglicisation sans les endroits de travail et les institutions fédérales est une nécessité. Le Bloc québécois et Yves-François Blanchet réclament une application stricte de la Loi 101 aux entreprises sous juridiction fédérale au Québec et un meilleur financement des médias francophones, essentiellement en ce qui concerne la vitalité culturelle, mais reste focalisé sur les enjeux strictement québécois.

Parti vert du Canada

Le Parti vert, Jonathan Pedneault, candidat entièrement bilingue, travaille sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles dès la première année de son mandat potentiel. Le chef du parti soutient l’importance de l’éducation bilingue et propose l’investissement à tous les niveaux pour améliorer l’enseignement du français comme langue seconde. De plus, le parti veut assurer un financement stable et permanent des établissements d’enseignement postsecondaire dans les communautés linguistiques minoritaires. Le Parti Vert a aussi pour objectif de soutenir des institutions telles que le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta et l’Université de l’Ontario français. (ONFR)

Parti populaire du Canada (PPC)

Dirigé par Maxime Bernier, le PPC ne présente aucun programme en faveur de la francophonie. Au contraire, il critique les politiques linguistiques fédérales et estime que la protection du français devrait relever des provinces, et non du gouvernement fédéral. Cette position tranche avec celle des autres partis, qui reconnaissent un rôle fédéral dans la préservation du français.

Les approches des partis politiques canadiens concernant la langue française, la francophonie et les langues officielles sont disparates dans la course actuelle à l’élection fédérale. Cependant, force est de constater que les enjeux spécifiques à la francophonie, sa protection et sa promotion, font malheureusement partie des grands absents de la campagne…  jusqu’à présent.

Par : Ayanna Patel

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