Sondage annuel de Simon Forgues
Directeur des communications
L’Alliance des radios communautaires du Canada
La journée mondiale de la radio qui se tiendra le 13 février est l’occasion de rappeler le rôle que doit jouer celle-ci dans notre société car pour continuer de susciter l’attention de la population, elle doit s’intéresser à leurs problèmes, leurs soucis, leurs préoccupations. Pour être le média le plus consommé, il faut toucher un public large et donner le sentiment que chacun peut venir s’y exprimer. L’Assemblée Générale de l’UNESCO a décidé de retenir le 13 février 2011, jour de création de sa propre radio, comme étant la journée mondiale de la radio.
Dans certains pays touchés par la pandémie et où des mesures de confinement ont été établies, la radio a permis de lutter contre l’isolement en apportant aux auditeurs des émissions riches et variées. Elle a servi d’avant-garde pour prévenir la population contre les dangers liés à la propagation du virus. Elle a été une source d’informations, divertissante et enrichissante pour permettre de faire reculer la désinformation et les fakenews. La coopérative radiophonique de Toronto, en cette circonstance particulière, diligente son personnel journalistique, en la personne de Sianko Sambou, pour sonder l’opinion des radios
communautaires Ontariennes.
Sianko : Quels sont les programmes éducatifs qui ont été mis en place par l’alliance des radios communautaires du Canada, qui s’inscrivent dans cette mouvance, et auxquels vous avez ou auriez souhaité participer ?
Simon Forgues : L’Alliance des radios communautaires du Canada a rédigé, et ce, à de multiples reprises au cours des dernières années, des textes didactiques ou encore informatifs sur le phénomène des fausses informations, ainsi que les manières de lutter efficacement contre celles-ci. Ces textes sont disponibles pour consultation dans notre site internet et peuvent être trouvés soit en utilisant l’outil de recherche du site web lui-même ou encore un engin de recherche comme Google.
Sianko : L’un des défis majeurs des radios communautaires est l’absence de moyens humains et financiers. Cette carence doit être l’occasion de rivaliser d’ingéniosité en utilisant les ressources internet mis à notre disposition. Comment la radio pourrait-elle utiliser internet et les réseaux sociaux pour toucher et sensibiliser un auditoire plus grand ?
Simon Forgues : Les radios communautaires, et par extension les médias de façon générale, ont tendance à utiliser à outrance les réseaux sociaux comme plateformes de diffusion de leurs informations, alors que, dans les faits, les réseaux sociaux devraient plutôt être utilisés pour promouvoir leurs propres plateformes, c’est-à-dire leur site web et leur(s) application(s). On a assisté au cours des dernières années à des dérives évidentes et des cas flagrants de censure de la part des géants du web, tels que Twitter et Facebook, qui ont fermé en outre les comptes de journalistes ainsi que de médias, souvent pour d’obscures raisons. Si les réseaux sociaux peuvent certes être utiles pour véhiculer et promouvoir les contenus journalistiques, il serait dangereux que les médias tombent dans le piège de concéder à ces géants du web des contenus qui deviendraient en quelque sorte leur propriété et sur lesquels ils (les médias) perdraient le contrôle au risque d’être censurés, ou même pire, d’être littéralement effacés de la toile.
Sianko : Être authentique, être unique, c’est s’inspirer des particularités locales. Quelles sont, selon vous, les particularités locales de la communauté francophone de Toronto, sachant que, selon son Maire, cette population francophone serait estimée à 200.000 personnes?
Simon Forgues : Le caractère multiethnique de la communauté franco-torontoise rend la programmation de la radio communautaire locale tout à fait distincte, et c’est en cela qu’elle diffère des autres stations radiophoniques communautaires de la francophonie canadienne, qui, dans bien des cas, ne connaissent pas une réalité migratoire semblable à celle-ci. Lorsqu’on jette un œil aux émissions proposées par la radio, l’on constate une courtepointe de genres et de formats distincts d’émissions qui rejoignent pratiquement autant de publics différents. Même son palmarès francophone promeut des chansons qui lui sont propres, qu’on n’entend pas nécessairement ailleurs et qui sont le reflet de la multiethnicité, et c’est en cela entre autres choses que la station est à la fois unique et authentique.
Sianko : Est-il possible de mettre en place des programmes ciblés pour mieux attirer les délégués et responsables des associations francophones vers la radio communautaire afin de leur permettre d’exprimer leurs préoccupations sur nos ondes ?
Simon Forgues : Compte tenu de la grande diversité des émissions proposées à la radio et du caractère de sa programmation qui n’est pas un bloc monolithique comme c’est le cas sur certaines autres radios, il importe que les organismes et leurs porte-parole connaissent bien le public auquel ils destinent leurs messages, de telle façon qu’ils puissent se tourner vers les cases horaires qui soient les plus adaptées à véhiculer leur message et que celui-ci trouve écho chez les bonnes personnes.
J’ai l’impression que plusieurs d’entre eux/elles ne sauraient d’ailleurs même pas dire quels sont les styles de contenus radiophoniques que leur clientèle est susceptible d’écouter à l’antenne de CHOQ FM. Ce qui, en soi, serait un exercice intéressant à faire s’ils souhaitent adresser leur message afin qu’il soit capté et assimilé.
Nous vous remercions pour votre temps
Simon Forgues
Directeur des communications
L’Alliance des radios communautaires du Canada
s.forgues@radiorfa.com