Feux de forêt : faut-il s’inquiéter des fumées à Toronto cet été?

Par Guillaume Lorin

Alors que la saison des feux de forêt de 2025 prend de l’ampleur, Toronto, bien qu’épargnée par les flammes, se trouve en première ligne de leurs conséquences atmosphériques. Ciel voilé, pic d’indice de qualité de l’air, et menaces pour la santé : voici à quoi s’attendre pour l’été 2025, et comment se protéger au mieux.


Des feux exceptionnellement précoces

À l’échelle nationale, la saison 2025 connaît une intensité inédite :

Dès la mi-mai, environ 160 feux actifs étaient enregistrés au Canada, qui ont grimpé à 225 à la mi-juin, principalement au Manitoba, Saskatchewan, Ontario et Colombie-Britannique. À ce jour, 3,7 millions d’hectares ravagés, soit six fois la superficie de l’Île‑du‑Prince‑Édouard.

En réponse, Manitoba et Saskatchewan ont déclenché des états d’urgence fin mai. Les prévisions nationales de juillet pointent une hausse des risques, notamment en Colombie‑Britannique, tandis que les Prairies et le nord-ouest de l’Ontario sont restés vulnérables dès juin.

Feux de forêt Toronto
Le ciel voilé de Toronto

Une fumée qui voyage loin

La fumée circule bien au-delà des aires des incendies :

  • Des panaches survolent l’Amérique du Nord, atteignant les États-Unis jusqu’au Midwest, ainsi que l’Europe, notamment Londres, grâce aux vents dominants.
  • Certains nuages sont invisibles à l’œil nu, mais bien détectés par lidar jusqu’à 9 000 m d’altitude au-dessus de l’Europe .

Pour Toronto, cela se traduit par ciel voilé, couchers de soleil rougeâtres, et parfois même une odeur de combustion .

Alerte à la qualité de l’air dans le Grand Toronto

Début juin, Toronto a brièvement affiché la pire qualité de l’air au monde : l’indice d’AQHI a grimpé à 7/10, classait la situation en « risque élevé ». En affichant la 2ᵉ puis la 3ᵉ place mondiale (selon IQAir), la région était couverte d’un voile dense . Environnement Canada a diffusé des avis spéciaux, invitant à limiter les activités extérieures, en particulier pour les populations vulnérables.

Respirer la fumée, quels dangers pour la santé

Les conséquences sur la santé sont documentées :

  • Particules fines (PM₂.₅) en cause : aggravation d’asthme, BPCO, bronchites, pneumonies, mais aussi problèmes cardiovasculaires (infarctus, AVC) .
  • Les patients fragiles — enfants, personnes âgées, asthmatiques — sont les plus exposés .
  • Symptômes habituels : toux, irritation des yeux, maux de tête, essoufflement, douleurs thoraciques, fatigue.
  • Et l’impact est rapide : les visites aux urgences augmentent dès quelques heures après la dégradation de la qualité de l’air .

Une région dans l’œil du cyclone

Grâce à des prévisions météorologiques, les citoyens peuvent mieux anticiper :

  • Environnement Canada prévoit un été 2025 plus chaud et sec, avec une hausse de la fréquence et durée des vagues de chaleur, et un risque accru de sécheresse dans les Prairies et le nord de l’Ontario.
  • Les risques de feu seront élevés dès juin dans le nord-ouest de l’Ontario, s’étendant à la côte ouest puis à d’autres régions en août.
  • La météo stagnante (manque de vent) amplifie l’accumulation de particules au sol .

Mesures prises à l’échelle gouvernementale

Le gouvernement fédéral multiplie les actions :

  • 2025 voit un renforcement des investissements : 78,5 M$ sur 2023–28 pour le programme RCF (FireSmart et CIFFC).
  • Dans le cadre du FMWCC, 16,3 M$ sont alloués à la formation de plus de 2 800 personnes en gestion des feux, notamment dans les communautés autochtones du Nord-Ouest.
  • Le projet WildFireSat, doté de 72 M$ via l’Agence spatiale canadienne, déploiera une constellation de satellites dédiée au suivi quotidien des incendies et à l’amélioration des modèles de qualité de l’air.
  • Une campagne nationale « Don’t feed the wildfires », N’alimentez pas les feux de forêt, vise à responsabiliser le public contre les départs de feu.

Conseils pratiques pour les Torontois

Prévenir les effets de la fumée implique des gestes simples :

  1. Suivre l’Indice de la qualité de l’air (AQHI) via l’app WeatherCAN.
  2. Réduire les sorties extérieures lorsqu’un avis de qualité de l’air est publié.
  3. Protéger les personnes vulnérables : jeunes enfants, personnes âgées, malades.
  4. En cas de symptômes respiratoires, consulter un professionnel de santé.
  5. Utiliser purificateurs d’air intérieurs et, à l’occasion extrême, masques N 95.
  6. Attention aux feux de voisinage : respecter les interdictions, éviter de brûler des déchets.

Une perspective globale

Ce phénomène s’inscrit dans un tableau plus large : les perturbations climatiques rendent les saisons des feux plus longues et sévères. En 2023 déjà, la fumée avait voyagé jusqu’en Europe et modifié les conditions atmosphériques européennes. Les risques d’incendies augmentent avec le réchauffement climatique, il faut craindre que les phénomènes soient hélas la pour rester.

Toronto, comme d’autres grandes villes, ne brûlera pas cet été. Mais ses habitants devront composer avec une fumée lointaine, invisible ou odorante, pourtant lourde à respirer. Il est vivement conseillé de surveiller la qualité de l’air régulièrement et limiter les activités physiques et l’extérieur en cas de fumées.


Article réalisé le 17 juin 2025, synthèse basée sur CP24, Gouvernement du Canada et Radio‑Canada.

Photo de Sippakorn Yamkasikorn: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/photo-de-wildfire-on-mountain-3552472/

Un bon plan pour vous évader et quitter Toronto à prix réduit à retrouver dans l’article (cliquez ici)

Plus d'actualités