Lumière sur la Journée internationale de la santé des végétaux du 12 mai

Par Guillaume Lorin

Agence canadienne d’inspection des aliments
Relations avec les médias

La journée internationale de la santé des végétaux, célébrée le 12 Mai 2023, peut paraitre surprenante. Pourquoi consacrer toute une journée internationale à la santé de ces espèces vivantes ? Il faut s’en référer aux données scientifiques pour s’apercevoir qu’ils produisent 80% de notre consommation en nourriture et 98% de l’air que nous respirons.

Le carbone ou encore l’énergie solaire sont captés par les végétaux afin de rendre l’air respirable et le soleil tolérable. De même, les végétaux contribuent à lutter contre l’érosion des terres causée par les pluies fortes. Le Canada s’est engagé à lutter contre la désertification des sols, particulièrement dans l’ouest canadien, en apportant son expertise scientifique et technique, l’objectif est de restaurer les terres affectées par la sécheresse.

De la protection des espèces végétales à l’entretien des sols, préserver la chaine alimentaire c’est aussi prendre conscience de l’importance que la désertification fait peser sur la nourriture, les sols et les plantes. C’est au nom de cette importance que la coopérative radiophonique de Toronto a dépêché ses chroniqueurs pour tenter d’étudier le phénomène et d’apporter des conseils qui pourraient permettre de lutter contre la famine aussi bien sur son territoire qu’ailleurs sur la planète.

Première question : la galle verruqueuse de la pomme de terre est présentée comme un champignon qui détruit entre 50 % et 100% des récoltes canadiennes. Certains cas ont été détectés à l’Île du Prince Édouard, ce qui a entrainé des restrictions en matière d’importations de pomme de terre entre ce territoire et les États-Unis ou encore le reste du Canada. Existe-t-il des traitements scientifiques permettant de mettre fin à ce fléau dans l’Île du Prince Édouard ?

Non, il n’existe actuellement aucun traitement antifongique efficace pour traiter la galle verruqueuse de la pomme de terre.
Le champignon est extrêmement persistant et le seul moyen efficace de le maîtriser est de prévenir la propagation dans de nouveaux endroits.

L’agent pathogène de la galle verruqueuse est un champignon terricole, le Synchytrium endobioticum, qui s’attaque aux points végétatifs de la plante, et notamment aux yeux, aux bourgeons et aux extrémités des stolons. Il peut rester dormant dans le sol pendant plus de 40 ans en attendant les conditions idéales pour se développer : un printemps frais et humide et un plant de pomme de terre à proximité. Des programmes de biosécurité efficaces sont essentiels pour aider à contenir, contrôler et prévenir la propagation. Il est également très important de bien choisir les variétés de pommes de terre à planter.

Au Canada et dans de nombreux autres pays, la galle verruqueuse de la pomme de terre est un organisme de quarantaine. L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) est donc tenue de mettre en place des contrôles pour aider à confiner, à contrôler et à prévenir la propagation de la galle verruqueuse de la pomme de terre à l’échelle nationale et internationale.

Si la galle verruqueuse de la pomme de terre est trouvée sur un tubercule de pomme de terre ou sous forme de spores au repos dans le sol, la découverte peut déclencher :
des restrictions d’utilisation des terres;
des contrôles des déplacements ;
• des exigences en matière de nettoyage et de désinfection de l’équipement ; et, l’échantillonnage et l’analyse des sols.

Pour en apprendre d’avantage sur la galle verruqueuse de la pomme de terre et son impact, visitez le Document d’information : Faits et chiffres concernant la galle verruqueuse de la pomme de terre.

Deuxième question : l’agrile du frêne est une espèce envahissante qui s’attaque aux arbres à bois clair. Pour y remédier, certains spécialistes ont préconisé l’utilisation du TreeAzin, un pesticide fabriqué à partir de graines de margousier. Ce pesticide est-il nuisible pour la santé des plantes et des êtres humains ?

L’agrile du frêne attaque et infeste toutes les espèces de frêne (Fraxinus spp.) indigènes d’Amérique du Nord ainsi que de nombreuses espèces exotiques de frêne.

Du fait de ses caractéristiques toxicologiques, l’insecticide systémique TreeAzin n’est pas connu pour être dommageable ni pour les plantes ni pour les êtres humains. Le TreeAzin a été développé en partenariat avec le Service Canadien des Forêts. Pour plus d’information sur ce produit, veuillez communiquer avec Bioforest.

Troisième question : protection des espèces végétales et intelligence artificielle. Il est de plus en plus question d’utiliser des drones et d’installer des puces dans les plantes pour permettre la reconnaissance faciale. Le Canada prévoit-il d’investir dans cette forme d’intelligence pour identifier les attaques auxquelles les espèces végétales pourraient être soumises ?

Bien que l’Agence canadienne d’inspection des aliments n’ait pas investi dans la méthode décrite, l’ACIA continue de moderniser ses outils pour protéger la santé des végétaux. Par exemple, nos biologistes des enquêtes phytosanitaires ont utilisé des drones pour évaluer les populations de plantes envahissantes et utilisent des outils numériques (notamment Survey123) pour améliorer l’efficacité et l’efficience des programmes de surveillance de la protection des végétaux à l’échelle du Canada. Des recherches sont également en cours pour moderniser les méthodes d’identification des graines et des mauvaises herbes à l’aide de la vision par ordinateur et de l’intelligence artificielle. Nos scientifiques utilisent également la technologie de séquençage de la prochaine génération et d’outils bio-informatiques pour effectuer d’autres types de diagnostics visant à prévenir l’introduction de ravageurs et à protéger la santé des végétaux.

Quatrième question : la pression que fait peser la crise énergétique sur le marché mondial du pétrole oblige le Canada à poursuivre la fabrication et l’exportation de ce dernier jusqu’aux États-Unis. Ces énergies fossiles nuisent aussi à la santé végétale, par la combustion du pétrole ou encore des fuites de plateforme de forage. Quelles sont les stratégies mises en place par le pays pour remédier à ce problème ?

Dans le cadre du programme Solutions innovatrices Canada, l’ACIA finance également de petites entreprises canadiennes pour qu’elles développent de nouveaux outils permettant de résoudre des défis liés au mandat de l’ACIA. Par exemple, l’élaboration des solutions novatrices de traitement phytosanitaire pour contrôler les organismes nuisibles justiciables de quarantaine.

Interview réalisée par Sianko Sambou
(Crédits Photos : Service Canada)

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