C’est une confiance de longue date qui vient d’être rompue. La nomination d’une rectrice refusant de parler français à la tête de l’université Laurentienne est le dernier chapitre qui vient clore une année encore difficile pour la langue française en Ontario.
La LSF ou La Loi sur les services en français n’a pas fait l’objet de modifications importantes depuis son adoption en 1986, exception faite des amendements de 2007 et 2014 établissant le Commissariat aux services en français et l’indépendance de son ancien commissaire. C’est ce dernier qui, dans son rapport annuel de 2016, avait mis en exergue les lacunes de la LSF et la nécessité d’y apporter des modifications pour répondre aux réalités changeantes de la francophonie ontarienne.
Or, depuis 2020, le gouvernement Ontarien présidé par le Premier Ministre Ford n’a suivi que 2 des 9 recommandations formulées par sa propre commissaire aux services en français Kelly Burke. Disposant d’une oreille attentive au sein du gouvernement, la Commissaire peine pourtant à imposer un calendrier clair pour moderniser la LSF et prépare un large plan de mise à jour de tous les règlements liés à ladite loi.
Si en 2020, lors de la programmation financière, l’accent était mis sur le volet sanitaire et le besoin vitale d’avoir un accès équitable aux services de soins en 2 langues, Covid19 oblige, cela a donné lieu en fin 2021 à une avancée significative de la LSF avec l’adoption dans 26 régions de la notion d’offre active ainsi que de l’obligation d’être bilingue pour occuper le poste de l’Ombudsman. Cependant, beaucoup de travail reste à faire et surtout à prévoir pour que le français puisse du moins exister de façon décente face à un anglais fort et naturellement et historiquement désigné depuis 1871, et la suspension de l’enseignement en français dans toutes les provinces à majorité anglophone, comme langue officielle de fait.
Pourtant, ce n’est pas les programmes qui manquent pour le développement du français en Ontario. Il y a un an, le gouvernement Ford avait sanctuarisé plusieurs aides financières dans la loi de finance 2022 ayant pour cible les PME francophones ou encore des organismes économiques tels que le CCO et la SÉO. Cependant la non application des mesures visant à développer le français en tant que langue de travail, la multiplication des acteurs organisationnels et institutionnels et la pénurie des candidats bilingues à valeur ajoutée, conjuguée à la frilosité des recruteurs ontariens à sauter le pas avec les nouveaux arrivants parfaitement francophones demeurent les principaux états de fait qui poussent une grande partie des personnes francophones dans les bras de la langue de Shakespeare synonyme pour eux de plus d’opportunités de travail et d’une meilleure et plus rapide intégration dans le tissus social et professionnel ontarien.